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L'Europe à la pointe du réchauffement climatique

eu-flagDans son ouvrage "Petit Point" (Editions le Pommier, 2002), Pierre-Gilles de Gennes, éminent prix Nobel de Physique 1991, concluait son chapitre sur les performances de l'Union Européenne en matière de sciences, dans ces termes " L'Europe de la Science n'est pas à la hauteur de la Science en Europe ".
C'est un jugement très sévère mais, hélas, parfaitement pertinent. Et c'est un crève-coeur pour un Européen convaincu comme moi !

Et apparemment, les choses ne s'arrangent pas, bien au contraire. Comme en témoigne la dernière réunion du sommet de Bruxelles (12 mars 07) qui concernait les questions de l'énergie et du réchauffement climatique. Voici un extrait du communiqué de presse transmis aux médias lors de la clôture de cet éminent sommet :

Le Président Barroso a qualifié l'accord sur la réduction du dioxyde de carbone, réalisé entre les 27 états membres de l'union européenne "d'historique". Cet accord vise à réduire les émissions de gaz carbonique, responsable du réchauffement climatique, de 20% en 2020 par rapport au niveau des émissions de 1990. Il ajoute que " Cette réunion au sommet est plus lourde de conséquences que tous les sommets qui ont précédé"

NDLR : Cela, on veut bien le croire quand on considère le bilan des sommets précédents. Par exemple, le précédent sommet devait déclencher un effort sans précédent de l'Europe pour développer la recherche et ses applications... avec un résultat pratique absoluement nul. Chaque pays a continué exactement comme auparavant.

Compte tenu des énormes enjeux et des responsabilités qu'endosse un tel comité de politiques totalement béotiens en matière de climatologie comme d'énergie, on pourrait se dire que ce dernier, et au moins son Président, se sont entourés d'une pléiade d'experts mondialement reconnus sur les questions brûlantes du réchauffement climatique et de l'énergie. Les experts qualifiés de manquent pas en Europe et notamment au Royaume Uni, en Allemagne, en France et dans les autres pays qui figurent dans le gotha des nations scientifiques. Chaque chercheur de notre pays pourrait sans doute citer des dizaines de noms de personnes qualifiées et mondialement reconnues...

Alors, dans ces circonstances, qu'a fait le Président Barroso ? Eh bien, comme vous allez le voir, il s'est effectivement choisi un comité d'experts sur lesquels ne tarissent pas d'éloges les instances européennes et le communiqué remis à la presse que voici :

Energie et changement climatique : Onze éminents experts pour conseiller le Président

En amont du Conseil européen, le Président Barroso a réuni pour la première fois un groupe d'éminents spécialistes européens afin d'échanger sur les questions relatives à l'énergie et au changement climatique. L'un des participants, Nicolas Hulot a salué l'initiative en ajoutant qu'il se félicitait que "la Commission européenne sonne la mobilisation face à un enjeu universel".

Des experts de stature mondiale conseilleront le président Barroso sur l'énergie et le changement climatique :

Un tout nouveau groupe consultatif, composé d'experts mondialement reconnus, conseillera le président de la Commission européenne, M. José Manuel Barroso, sur les questions relatives à l'énergie et au changement climatique. Ces conseillers, qui agiront à titre indépendant, se réuniront pour la première fois aujourd'hui. D'origines nationales différentes, expérimentés et compétents, ils apportent des points de vue variés en ce qui concerne tant la politique énergétique que le changement climatique.

Le président de la Commission, M. José Manuel Barroso, a déclaré: «L'énergie et le changement climatique sont deux des défis que nous devons relever à l'échelle mondiale. L'Europe fait partie de la solution, et je suis déterminé à faire en sorte que l'Union européenne reste à la pointe de l'action, notamment au niveau du G-8. Je souhaite donc que les meilleurs conseillers extérieurs nous fournissent des conseils indépendants, à mesure que nous progresserons dans la voie d'une économie sobre en carbone. Je suis ravi qu'un si grand nombre d'experts de renommée mondiale aient accepté de donner de leur temps pour m'éclairer sur ces questions».

Le groupe consultatif réunit en son sein des experts de l'énergie et du climat, maîtrisant un large éventail de disciplines et provenant de plusieurs États membres.

NDLR : Alors qui sont donc ces fameux experts, éminents, spécialistes mondialement reconnus, indépendants, expérimentés, compétents, maîtrisant un large éventail de disciplines...bref...les meilleurs conseillers extérieurs comme dit le Président Barroso ? Quels sont-ils ?

Ils sont onze en tout . Voici la liste ...

hulotbarroso

Cesar Dopazo, Professeur, Departamento de Ciencia y Tecnología de Materiales y Fluidos, Université de Saragosse,
Nicolas Hulot, fondateur de la Fondation Nicolas Hulot, Paris.
Claudia Kemfert, Professeur, Deutsche Institut für Wirtschaftsforschung (DIW), Berlin
Allan Larsson, Président du Conseil d'administration de l'Université de Lund, Suède
Claude Mandil, Directeur exécutif de l'Agence Internationale de l'Énergie (AIE), Paris
Carlo Rubbia, Professeur au CERN et lauréat du Prix Nobel de physique 1984, Genève
Hans Joachim Schellnhuber, Directeur, Potsdam-Institut für Klimafolgenforschung (PIK), Berlin
Sir Nicholas Stern, Conseiller du gouvernement britannique pour l'économie du changement climatique et le développement, et ancien Économiste en chef de la Banque Mondiale, Londres
Peter Sutherland, Président, BP plc, London
José Viriato Soromenho Marques, Professeur, Departamento de filosofia, Universidade de Lisboa
Michael Zammit Cutajar, Ambassadeur pour le Changement climatique, Malte, et ancien Secrétaire exécutif de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, Genève

Pour nous faire une idée des extraordinaires qualités de ces experts (" les meilleurs" comme dit Barroso), et pour chacun d'entre eux, nous allons examiner leur formation initiale, leur domaine d'expertise, leur "indépendance", leur "maîtrise d'un large éventail de disciplines" afin de juger, par nous-mêmes, s'ils remplissent les conditions du communiqué précédent qui les qualifie de "fameux, éminents, spécialistes mondialement reconnus, indépendants, expérimentés, compétents, maîtrisant un large vantail de disciplines".

Cesar Dopazo (pour l'Espagne) est docteur ingénieur en aéronautique de l'Université polytechnique de Madrid. Il a poursuivi un carrière brillante dans les sciences mécanique et est reconnu à ce titre. Il est, depuis 2002, Directeur Général du Centre de Recherches Energétiques, Environnementales et Technologiques. Il n'est donc absolument pas un expert dans les sciences du climat, s'il l'est dans les problèmes énergétiques généraux.

Nicolas Hulot (pour la France) est un présentateur d'émissions de télévision qui doit sa célébrité aux émissions en "prime-time" de TF1. Ancien responsable d'un club de moto, pratiquant l'ULM et d'autres sports motorisés, il n'a aucun bagage scientifique. Il n'est évidemment ni un expert dans les sciences du climat ni en matière d'énergie. Il est tout sauf "indépendant" puisqu'il patronne une association écologiste "La fondation Hulot" et gère les produits dérivés Ushuaia. Il affirme d'emblée que le changement climatique est le principal défi posé à l'humanité et nous assure qu'il veut "sauver la planète". Bref, en fait d'expert "indépendant", c'est plutôt le messie !.

Claudia Kemfert (pour l'Allemagne) a une formation d'économiste ( Oldenburg, Bielefeld (Allemagne) et Stanford (USA)). Elle est actuellement professeur d'économie de l'énergie à l'université Humbolt de Berlin. Elle est certainement experte en matière d'économie de l'énergie mais n'a aucune connaissance sérieuse en matière de changement climatique.

Allan Larsson (pour la Suède) est le Président du Conseil d'administration de l'Université de Lund. Ancien ministre des finances suédois, journaliste et homme politique. Il est un parfait eurocrate Européen. Au vu de son CV, je ne vois rien qui puisse lui donner une quelconque expertise en matière de climatologie comme d'énergie. C'est un gestionnaire.

Claude Mandil, (pour la France) est Directeur exécutif de l'Agence Internationale de l'Énergie (AIE), Paris. Formation polytechnique et école des mines. Successivement chargé de mission à la DATAR et à l'ANVAR. En 1981, il devient Conseiller Technique au cabinet du Premier ministre. En 1984, il devient PDG de l’Institut de Développement Industriel (IDI), une Banque publique d’investissement. Directeur du BRGM en 1988. A partir de 1990, il devient Directeur Général de l’Energie et des Matières Premières au Ministère de l’Industrie, avant d'être nommé Directeur Général Délégué de Gaz de France en octobre 1998, puis Président de l’IFP en avril 2000... Bref, une très belle carrière de gestionnaire mais je ne vois pas en quoi, cela lui aurait donné la moindre expertise technique en climatologie. Par contre, il doit être un expert dans les questions énergétiques.

Carlo Rubbia (Suisse) est un scientifique chevronné et grand expert en énergie nucléaire. Il est à l'origine de la nouvelle génération des réacteurs nucléaires civils. C'est certainement le meilleur dans ce domaine de l'énergie nucléaire. Par contre, il ne doit pas être expert en matière climatique. Comme beaucoup de ses collègues du CERN de Genève (tel Georges Charpak), la panique du réchauffement climatique lui donne l'occasion de prôner le développement du nucléaire civil qui ne rejette pas de CO2 et dont il est évidemment un fervent partisan. S'il est un expert incontestable en matière d'énergie nucléaire, il est donc très très loin d'être indépendant sur la question du climat.

Hans Joachim Schellnhuber (pour l'Allemagne) dirige le centre de recherche allemand sur le climat de Postdam. Ce laboratoire s'est illustré récemment en la personne d'un de ses membres, le professeur Rahmsdorf, qui a provoqué un esclandre lors de la dernière réunion du GIEC à Paris en février 2007, en protestant contre les prédictions, trop optimistes selon lui, de cet organisme en matière de montée du niveau des eaux. Il faut dire que le professeur Rahmsdorf venait de publier un article dans Science, prévoyant une montée des océans trois à quatre fois plus importante que les prévisions du GIEC (soit 1,40m /100 ans au lieu de 42cm/100 ans). Rahmsdorf se basait sur les données de 2004-2005 sur la fonte de l'arctique qui s'était mis à fondre de manière importante. Manque de chance pour lui, cette brutale fonte des glaces du Groenland s'est brusquement arrêtée en 2006 pour revenir à un niveau normal, ce qui donnait finalement raison au GIEC... Schellnhuber est donc très mal placé pour passer pour un expert indépendant puisqu'il dirige un laboratoire réputé pour être en pointe dans l'alarmisme climatique.

Sir Nicholas Stern (pour l'Angleterre) ancien économiste de la banque mondiale, est devenu célèbre pour avoir été à l'origine du fameux "rapport Stern", demandé par Tony Blair, qui étudie, du point de vue économique, les conséquences désastreuses (selon lui) du réchauffement climatique. Se basant sur des chiffres délirants tels que des prévisions de la montée des eaux d'un bon facteur 20 supérieures à celles du GIEC ou l'extension de la malaria aux pays du Nord (énergiquement démenti par les spécialistes), son rapport, totalement apocalyptique, a fait l'objet de nombreuses critiques de la part de ses collègues économistes mondiaux sans parler des scientifiques. En résumé, il doit être un bon expert en économie mais il est totalement orienté en matière de changement climatique. Il n'est donc absolument pas "indépendant" ni un spécialiste "mondialement reconnu et maîtrisant un large éventail de disciplines".

Peter Sutherland (pour l'Angleterre), directeur général de BP (pétrole) est l'ancien Directeur Général de la l'Organisation du Commerce International et ancien commissaire européen. C'est un brillant haut fonctionnaire Européen typique. Un eurocrate. La direction générale de la British Petroleum, guère plus que ses fonctions de direction précédentes n'ont dû lui apporter une expertise particulière en matière de climatologie ni, sans doute, en matière d'énergies renouvelables. Autrement dit, il fait déjà partie du sérail européen.

José Viriato Soromenho Marques (pour le Portugal) est un pur littéraire. Il est titulaire de la chaire de la faculté des lettres de l'université de Lisbonne, spécialisé dans la philosophie de l'histoire, de la politique et du droit. Il coordonne également la maîtrise de philosophie de la nature et de l'environnement. Autant dire que cet éminent philosophe ne connaît sans doute strictement rien aux problèmes techniques posés par le réchauffement climatiques non plus qu'énergétiques. Il est mal placé pour juger de la validité des hypothèses climatiques. Je ne vois pas non plus en quoi il serait expert dans les domaines de l'énergie sous quelque forme que ce soit. Son indépendance par rapport à ces questions me semble donc assurée. Il y a très loin de la philosophie à la troposphère !

Michael Zammit Cutajar pour l'île de Malte dont il est l'ambassadeur pour le réchauffement climatique (!), occupe le rang de Sous-Secrétaire général des Nations Unies. Il dirige le secrétariat de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques situé à Bonn, en Allemagne. L’équipe du secrétariat compte environ 150 employés et gère un budget de 20 millions de dollars. La Convention cadre des Nations Unies pilote et finance directement le GIEC. La carrière de Zammit Cutajar a pratiquement entièrement gravité autour de l'organisation des nations unies. Nul doute qu'il soit un fervent supporter des travaux du GIEC qu'il finance directement. C'est un administratif et un politique dont les connaissances techniques en matière de climat ou d'énergie doivent assez floues... Finançant le GIEC, on ne peut pas dire qu'il puisse apporter le moindre avis indépendant sur ce dernier organisme ni sur les questions climatiques ou énergétiques.

 

 

En conclusion : Comme a son habitude en matière de questions à base scientifique et avec les résultats que l'on sait, la Commission européenne et en particulier José Manuel Barroso, s'est entouré d'un comité "d'experts" presqu'uniquement constitué de politiques ou de gestionnaires administratifs et d'eurocrates qui n'ont pratiquement aucune crédibilité scientifique. Je ne vois pas en quoi, les membres de cet éminent comité d'experts, sont " des spécialistes mondialement reconnus, indépendants, expérimentés, compétents, maîtrisant un large éventail de disciplines".Quant aux "spécialistes" du changement climatique, l'un (Nicolas Hulot) est un écologiste convaincu totalement absent du débat scientifique. L'autre (Schellnhuber), est responsable d'un groupe, certes spécialisé, mais dont l'alarmisme est célèbre dans le petit monde de la climatologie. En fait d'indépendance, on fait mieux ! Et quant à apporter des points de vue variés (comme l'affirme le communiqué de presse), on peut rêver ! Seul, Carlo Rubbia est absolument qualifié pour parler d'énergie nucléaire.

Je n'arrive pas à comprendre comment la Commission Européenne et Mr Barroso se sont révélés incapables de trouver en Europe, qui est riche dans cette matière, une dizaine des meilleurs spécialistes mondiaux en matière de climat ou d'énergie (excepté Carlo Rubbia) c'est à dire effectivement, des spécialistes mondialement reconnus, indépendants, expérimentés, compétents et maîtrisant un large éventail de disciplines ". Je peux vous dire qu'aucun (à part Carlo Rubbia) des éminents personnages de la liste ci-dessus ne le sont, ni en matière de climatologie ni d'énergie. Il s'agit, pourtant, de prendre des lourdes décisions qui engageront des budgets importants et auront des conséquences considérables ! Et l'argent qui partira dans cette direction ne sera plus disponible pour d'autres causes, peut-être plus pertinentes. Cette pratique qui consiste à s'entourer de parfaits gestionnaires (voire de philosophes ou d'écologistes...), sur des questions qui exigent un jugement scientifique, est malheureusement la règle constante. Nul doute qu'elle explique le fait que, comme l'écrit Pierre-Gilles de Gennes " L'Europe de la Science n'est pas à la hauteur de la Science en Europe" !

Quant on voit la liste des "experts", on pouvait s'attendre au résultat obtenu. Je veux bien croire qu'avec de tels conseillers, on cherchait un sujet sur lequel on voulait essayer de reconstruire une unanimité de façade, mise à mal par le rejet de la constitution européenne, mais tout de même...
Pauvre Europe !

 

 

 

bonnet d'ane
Le Prix d'Honneur